Brevet Instructeur d’apnée AIDA
Après une partie d’examens théoriques sur 4 jours intenses en Suisse, puis une semaine en Mer Rouge pour la partie pratique, je finis avec quelques kg en moins mais une satisfaction d’être parvenue à la fin de ce brevet.
Mais pourquoi me lancer dans un tel investissement en temps, énergie, argent, entraînements, sacrifices alors que je ne désire pas forcément enseigner l’apnée dans une fédération, et que le monde de la compétition m’intéresse encore moins ?
Et bien pour le souffle ! Avoir quelques notions solides éprouvées dans ma chair quant à l'efficacité et la qualité de la respiration consciemment pratiquée.
Je rencontre en consultation tant de personnes qui ne savent pas respirer, voire dont la respiration devient délétère pour leur vitalité. Il me paraissait donc primordial d'acquérir plus d'expérience concrète quant à la respiration et ainsi pouvoir transmettre cet essentiel en thérapie.
Pour ma part, qui depuis petite accumulais des douleurs, entre autres dans la région du plexus solaire, avec un diaphragme que je ne pouvais moi-même pas toucher tant il était sur la défensive et douloureux, je n’ai jamais aussi rapidement appris à l'apprivoiser, puis à le rééduquer. Entravé dans l'enfance de tensions majeures provoquant douleurs ostéo-articulaires, parfois inconforts digestifs et blocages aigus dans ma vie d'adulte, l'assouplir autant que le tonifier, le relâcher tout en mobilisant consciemment cette puissante pompe veineuse et lymphatique me parait si important pour tous nos systèmes et donc notre santé. (Digestif, vasculaire, respiratoire endocrinien, immunitaire etc)
La cage thoracique redevient une protection souple des organes vitaux et non plus une prison rigide.
Tout retrouve de la mobilité, de l’envergure, de la liberté.
J'aime essentiellement l’apnée en profondeur et en « eau libre » (expression qui désigne plonger dans des lieux naturels) qui permet de retrouver de manière redoutablement efficace le silence, autant extérieur qu’intérieur. Une voie directe vers le Centre quand tout est agité : « le petit singe » n’a plus le luxe de sauter de pensées en pensées et se focalise à sa place d’observateur, ce qui est fort favorable à notre écologie interne.
Cette alternance entre l'effort pour s'extirper de la surface jusqu'au point neutre (appelé en apnée : la flottabilité neutre...) puis savoir se laisser happer par le fond, en relâchement total du corps, (qui paradoxalement nécessite une sérieuse vigilance) tout détendre sauf la glotte, les lèvres, les joues et la langue où la majorité de la concentration se focalise afin de gérer au mieux la compensation et préserver intact ses tympans...
Puis se sentir toujours plus aplati, limite écrasé certes, mais avec ce confort traître de ne plus sentir le besoin de respirer. Ne pas céder à l'envie d'en profiter trop longtemps et faire retour dans le laborieux de la remontée, cette fois devoir s'extirper musculairement de la profondeur jusqu'à rejoindre à nouveau le point neutre et sécurisant. Y gérer l'équilibre entre la détente et l'effort afin de préserver au mieux la réserve d'oxygène déjà largement consommée, et éviter de transformer la beauté légère de la dernière partie en syncope de surface...
En d'autres termes c'est sans doute cela qui me plaît dans l'apnée :
Cette sensation d’être aspiré vers de l’intime lors de la chute libre, tout autant que de voler voluptueusement à la fin de la remontée :
Il y a à chaque fois cette mémoire de passage étroit, cette pression à la descente, et carrément sombre ou nuit noire (dans les lacs suisses par ex, parfois après à peine 10m de la surface).
Et il y a aussi cette remontée vers la lumière. Où tout repart vers la dilatation, vers l’ouvert.
On vole sans aucun effort les 10-12 derniers mètres avant de percer la surface. Conscientiser jusqu’au plus profond de nos cellules le cadeau qu’est de pouvoir respirer. Respirer de l’air frais est devenu un luxe dans certaines régions de notre planète…respirer simplement parce que ce n’est pas encore l’heure de notre expiration ultime. Privilège.
J’ai adoré m’entraîner à sec, préférentiellement avec des Pranayamas (faisant partie à part entière du yoga, malheureusement cela semble nécessaire de le rappeler) et ils continuent à faire partie de mon hygiène quotidienne : tant pour nettoyer le système respiratoire que digestif pour ne parler que d'eux et ne pas évoquer ceux plus subtiles décrits dans la tradition yogique.
J'espère pouvoir progresser encore et encore dans mon aptitude à transmettre la conscience de la respiration, se sentir intégré dans le souffle...Une pratique, qui dans mon ressenti, va bien au-delà d'une méthode ou d'un sport, mais dont la discipline de la pratique quotidienne est le moyen de faire retour dans l'essentiel, après tant de dispersions et d'agitations que notre société digitale et technologique bombarde sur notre cerveau, retourner vers l'unité entre notre corps qui, le temps d'une apnée, se détourne de ses émotions, notre mental de ses agitations et notre esprit qui peut alors rejoindre et goûter à sa réelle nature... et respirer au large.
Pour reprendre la conclusion de mon travail de mémoire AIDA ( Association Internationale pour le Développement de l'Apnée ) l'apnée est pour moi bien plus qu'un sport.
Elle est une réelle ''médit-action'' me gardant vigilante quant à l'état de mon ''océan intérieur'' et donc un puissant moyen de transformation.
''Vigilant, je deviens le veilleur de ma vie,
Vigilant, je deviens le veilleur de mon âme.
Je reviens à l'âme,
Je reviens au souffle.
Je perds mon âme, je libère mon souffle.
J'expire ma vie en expirant de l'air.
Je m'agrandis aux dimensions du vent.''
Michel Bitbol
La respiration prend toute sa place dans mes cours en groupe au cabinet, et lors de la saison douce, des stages de deux jours en pleine nature, entre pratique de la dynamique du souffle, feu de bois, marche silencieuse et rigolades, nuit sous les étoiles et dans petite cabane privatisée et totalement isolée. Autre option privilégiée : celle en terre Huskys: également au coeur de la nature, l'art du Souffle, se réapproprier sa nourriture première, l'Air. En partenariat avec 40huskys, hôtes ancrés dans le présent. Priorité à ma clientèle, mais ne pas hésiter à me solliciter, je vous informerai s'il y a de la place.
Merci http://@alexfreedives / les apnéistes anonymes
pour les photos tout au long de notre formation et les magnifiques vidéos poétiques sur l'apnée que tu réalises.
Merci au reste de notre équipe soudée par une belle énergie, ce soutien mutuel, les belles rigolades et les pauses récréatives mais tout autant fatigantes que les entraînements... Van, Jon, Juju, Isa.
Merci à DeepZen Instructeur Trainer hors du commun, multi-recordman Suisse, pour avoir toujours trouvé les images adaptées pour que je comprenne et parvienne à atteindre tous les requis demandés, malgré mes petites spécificités inattendues...
Merci également à Phil Simha pour m'avoir ouvert son école lors du covidisme et avec sa fameuse freediving week avec Nik Linder, l'opportunité de rencontrer plein de chouettes personnes. Egalement pour ses cours de Yoga de qualité, ses propositions de stages qui m'ont permis de rencontrer et suivre des cours avec Alenka Artnik, Umberto Pellizari...
Merci à Jean-Pierre Riboulet, enseignant le yoga Traditionnel en Corse. Merci pour ta grande générosité en temps et le partage de ce choix de vie, ce n'est pas une pratique à côté, c'est de la qualité de conscience au quotidien autant qu'une passion.
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